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    RÉCENT SUR CIEL DE FRANCE

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    Yachting Vs Galère, une critique des "ultra-riches" : "jalousie" ou bien simplement, la Raison ?

    http://cieldefrance.eklablog.com/yachting-vs-galere-une-critique-des-ultra-riches-jalousie-ou-bien-simp-a215718721

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         Un article où Richard Werner, à l’origine du concept de "Quantitative Easing", décrit on ne peut mieux l’évolution économique banco-centraliste de ce premier quart du XXIe siècle, jusqu’à la naissance actuelle des Monnaies Numériques de Banque Centrale et au danger fatidique pour les libertés, économiques, et les libertés tout court, qu’elles représentent :

     

    Richard Werner, "père spirituel" du Quantitative Easing et "apprenti sorcier" du banco-centralisme

    http://cieldefrance.eklablog.com/richard-werner-pere-spirituel-du-quantitative-easing-et-apprenti-sorci-a215699895

     

     

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    Autres articles récent sur l'économie et la monnaie:

     

    Déficit et dépendance : les marchés financiers attendent les « liquidités » banco-centralisées comme le jardinier attend la pluie… (Et y’a pas sécheresse !)

    http://cieldefrance.eklablog.com/deficit-et-dependance-les-marches-financiers-attendent-les-liquidites—a215610053 

     

    « Monétarisme » et/ou « banco-centralisme » : la nuance « sémantique » est-elle historiquement significative, et de quoi ?

    http://cieldefrance.eklablog.com/monetarisme-et-ou-banco-centralisme-la-nuance-semantique-est-elle-hist-a215537191 

     

    La Suisse condamnée: victoire des écolos, des capitalistes et/ou des banco-centralistes???

    http://cieldefrance.eklablog.com/la-suisse-condamnee-victoire-des-ecolos-des-capitalistes-et-ou-des-ban-a215666871 

     

    NOUVEAU :

    L'or, c'est de l'argent qui dort... Mais pas toujours paisiblement!

    http://cieldefrance.eklablog.com/l-or-c-est-de-l-argent-qui-dort-mais-pas-toujours-paisiblement-a215724875

     

    Chine-USA, pour le contrôle du Bitcoin, c’est aussi la guerre économique !

    http://cieldefrance.eklablog.com/chine-usa-pour-le-controle-du-bitcoin-c-est-aussi-la-guerre-economique-a215644337 

     

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    Echanges, débats, polémiques:

     

     Monnaie, Crédit, Dette: quelques éléments du débat sur Agoravox

    http://cieldefrance.eklablog.com/monnaie-credit-dette-quelques-elements-du-debat-sur-agoravox-a215715557

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    Gilles Questiaux va-t-il réinventer le fil à couper le beurre "impérialiste"??? (Suite du débat)

    http://cieldefrance.eklablog.com/gilles-questiaux-va-t-il-reinventer-le-fil-a-couper-le-beurre-imperial-a215704359

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    Le passage du capitalisme « classique » au banco-centralisme impacte-t-il notre vie sociale quotidienne ? Quelques réflexions et éléments complémentaires au débat

     

    http://cieldefrance.eklablog.com/le-passage-du-capitalisme-classique-au-banco-centralisme-impacte-t-il—a215547035 

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     Solidarité internationale:

    La jeunesse étudiante US Résistante et solidaire de la Palestine

     http://cieldefrance.eklablog.com/la-jeunesse-etudiante-us-resistante-et-solidaire-de-la-palestine-a215719733

     

     

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    ARTICLES ÉGALEMENT REPUBLIÉS SUR:

     

    SITUATION Française & Internationale

     

     

     

     

     

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    Transformer du plomb en or, c’est le rêve de l’alchimiste, mais même avec les techniques ultra-modernes qui le rendraient possible, ce ne serait pas rentable, et même, carrément ruineux à tous points de vue, question énergie, et donc écologie aussi : 

    "Le fait est qu’il n’existe aucun procédé viable en lien avec la chimie permettant la transformation du plomb en or. Pour y parvenir, il faudrait casser le noyau et en retirer les neutrons et protons en trop. Or, ce moyen nécessite une énergie considérable, comme on la trouve dans les centrales nucléaires et autres accélérateurs de particules. Ainsi, opérer une telle transformation coûte très cher si bien que l’intérêt d’une exploitation est inexistant. Cette raison fait que personne n’a jamais tenté l’expérience. 

    Enfin, il existe une autre technique mais celle-ci ne nécessite pas de plomb. En 2015, des chercheurs du laboratoire d’Oak Ridge (États-Unis) ont utilisé du mercure, dont le nombre de neutrons et de neutrons est plus proche de celui de l’or. Néanmoins, cette technique est également très onéreuse et ne permet pas une exploitation viable." 

     

    https://sciencepost.fr/est-il-possible-de-transformer-le-plomb-en-or/  

     

    Transformer de l’or en argent, à priori la démarche paraît encore moins avisée… Et l’inverse, transformer l’argent en or, guère davantage, sauf au sens de la valeur monétaire : acheter de l’or avec son "argent"…

    Autrement dit, acheter de l’or pour ne pas perdre d’argent, voire même, en gagner, vu que le cours de l’or est en hausse à peu près constante :

    https://www.bullionbypost.fr/cours-de-lor/20ans/grammes/USD/ 

    Mais "à peu près" seulement, et avec quelques "creux" notables dans cette ascension "en dents de scie"…

    A noter que l’on retrouve les mêmes aspérités type "dents de scie" sur l’évolution du cours d’heure en heure, ce qui permet au boursicoteur habile de se faire quelques sous en prenant des risques, comme avec tout type de "produit financier", dont l’emprunt US sur 10 ans, dont il est question dans cet article pour le moins "douteux" : https://mai68.org/spip2/spip.php?article18230

    Source ("polluée…") :

    https://essentiel.news/catastrophe-monetaire-se-profile/ 

    Ceci dit, si on a quelques économies, acheter de l’or, vu sur le long terme, c’est ce que l’on peut appeler un placement de "père de famille", à condition de ne pas être obligé de vendre au début d’un "petit creux" juste après l’achat… Cela doit donc bien être vu sur le long terme, et pas dans le but de faire fortune, mais simplement de ne pas perdre …d’argent !

    Dans le genre "père de famille", ceci-dit, acheter une maison, c’est plus cohérent : on peut y loger ses enfants et ainsi les aider à faire des économies…

    Maintenant, à l’échelle économique mondiale, il faut simplement être réaliste : la totalité de l’or extrait de la planète Terre, à l’heure actuelle, est estimée à 197 300 tonnes, évaluée à environ 11 048 800 000 000 €, soit 11 822 216 000 000 $, soit à peine plus d’1/3 de la seule dette publique US !!!

    Dette publique US évaluée, elle, à 125% du PIB, tandis que la dette privée atteint 217% (Dette totale US = 342% du PIB) !!!

    https://www.bullionbypost.fr/index/or/combien-vaut-une-tonne-dor/ 

    https://www.lepoint.fr/economie/pourquoi-la-dette-americaine-n-inquiete-presque-personne-23-04-2024-2558368_28.php 

    https://fr.tradingeconomics.com/united-states/private-debt-to-gdp 

    A noter, contrairement à une idée reçue, que les USA restent néanmoins "leader" en matière de réserves d’or, ce qui en situe aussi les "limites", comme on va le voir :

    https://www.bullionbypost.fr/index/or/reserves-dor-par-pays/ 

    La dette mondiale aujourd’hui : 315 000 000 000 000$

    https://aktionnaire.com/2024/02/22/le-montant-total-de-la-dette-mondiale-atteint-315-000-milliards-de-dollars/ 

    Le PIB mondial : 100 000 000 000 000$

    Yachting Vs Galère, une critique des "ultra-riches" : "jalousie" ou bien simplement, la Raison ? 

    http://cieldefrance.eklablog.com/yachting-vs-galere-une-critique-des-ultra-riches-jalousie-ou-bien-simp-a215718721

    Soit une dette mondiale de 315% du PIB !!! 

    Facile à calculer… et d’où il ressort également, aussi simplement, que tout l’or du monde ne représente donc que 11,82% du PIB mondial : absolument pas de quoi "adosser" la monnaie mondiale, même sans aucune dette !

    ("Accessoirement", seulement 3,75% de la dette !!!)

    En revenir à l’étalon or, stricto sensu, c’est donc, "au mieux", diviser l’activité économique mondiale quasiment par 10, c’est à dire la ruiner carrément !

    S’il ne faut pas "sous-estimer" le rôle de l’or dans l’économie, il faut donc, à tout le moins, le relativiser.

    En résumé, de même qu’un "père de famille" avisé répartira éventuellement ses "actifs" entre immobilier, or et titres financiers plus "risqués", un chef d’Etat avisé gérera son budget national de façon à adosser sa monnaie, SI IL EN A ENCORE UNE, OU AU MOINS LE CONTRÔLE DU CREDIT SUR SON TERRITOIRE, à une variété "d’actifs", dont l’essentiel ne peut être que le caractère endogène de son développement économique, complété par des réserves en devises, en or, des biens immobiliers, etc…

    Mais même avec une industrie d’armement endogène, un budget militaire trop élevé en proportion du PIB ne peut que devenir un fardeau pour l’économie du pays. Malheureusement, un "minimum vital" est nécessaire à la sécurité et à l’indépendance d’un pays, quel qu’il soit. Si ce minimum vital lui-même devient trop élevé par rapport au caractère endogène de l’économie, il finit donc par la plomber, en limitant les capacités de développement dans les autres domaines, qui permettent d’améliorer réellement le niveau de vie général.

    C’était évidemment l’un des handicap de l’URSS, outre le blocus économique, et cela peut devenir celui de la Russie de Poutine, si la guerre se prolonge trop longtemps.

    Malheureusement, les oligarques, d’un côté comme de l’autre, en profitent pour s’enrichir encore davantage, sans souci du pays et de ses citoyens…

    C’est aussi pourquoi je pense que la Russie a perdu un atout majeur, tant sur le plan militaire, question efficacité et rapidité de mouvement, absolument vitale, en fin de compte, c’est le cas de le dire, que sur le plan économique, en démantelant le supposé "Empire Prigogine" qui était simplement une entreprise nationale rationnelle et particulièrement bien adaptée aux conditions et circonstances de la mondialisation actuelle, avec "en prime", une dimension internationaliste qui faisait son prestige et continue d’assurer sa survie, même si à une échelle trop modeste pour pouvoir peser dans le rapport de force mondial comme à l’époque des Batailles de Soledar et de Bakhmout, entre autres.

    Luniterre

    http://cieldefrance.eklablog.com/l-or-c-est-de-l-argent-qui-dort-mais-pas-toujours-paisiblement-a215724875

     

    Luttes pour l’Indépendance : Après l’Ukraine et le Bélarus, c’est maintenant le Niger et toute l’Afrique de l’Ouest qui déstabilisent le nouvel ordre mondial ! 

    http://cieldefrance.eklablog.com/luttes-pour-l-independance-apres-l-ukraine-et-le-belarus-c-est-mainten-a214603585 

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    Afrique : l’histoire s’écrit au présent !

    http://cieldefrance.eklablog.com/afrique-l-histoire-s-ecrit-au-present-a214804441 

     

     

     (re-)Voir aussi: 

    Contre l’impérialisme et le mondialisme banco-centraliste, de Saint-Pétersbourg à Niamey, le combat continue ! 

    http://cieldefrance.eklablog.com/contre-l-imperialisme-et-le-mondialisme-banco-centraliste-de-saint-pet-a214581903 

     

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    L'or, c'est de l'argent qui dort... Mais pas toujours paisiblement!

    L'or, c'est de l'argent qui dort... Mais pas toujours paisiblement!

    L'or, c'est de l'argent qui dort... Mais pas toujours paisiblement!

    Un autre rally moto de soutien à Wagner, à Bambari :

    L'or, c'est de l'argent qui dort... Mais pas toujours paisiblement!

     

     

     

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    RÉCENT SUR CIEL DE FRANCE >>> 

    Yachting Vs Galère, une critique des "ultra-riches" : "jalousie" ou bien simplement, la Raison ?

    http://cieldefrance.eklablog.com/yachting-vs-galere-une-critique-des-ultra-riches-jalousie-ou-bien-simp-a215718721

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         Un article où Richard Werner, à l’origine du concept de "Quantitative Easing", décrit on ne peut mieux l’évolution économique banco-centraliste de ce premier quart du XXIe siècle, jusqu’à la naissance actuelle des Monnaies Numériques de Banque Centrale et au danger fatidique pour les libertés, économiques, et les libertés tout court, qu’elles représentent :

     

    Richard Werner, "père spirituel" du Quantitative Easing et "apprenti sorcier" du banco-centralisme

    http://cieldefrance.eklablog.com/richard-werner-pere-spirituel-du-quantitative-easing-et-apprenti-sorci-a215699895

     

     

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    En Afrique

    Le combat continue ! 

     
     

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    Евгений Викторович

     

    о ситуации в Нигере 

     

     

    Evgueny Viktorovitch

     

    sur la situation au Niger

     

     

     

    http://mai68.org/spip2/IMG/mp4/Prigogine_3aout2023_Niger.mp4 

    https://rutube.ru/video/121c4fea154c0d8c43f11aea9194d399/ 

     

    Prigogine le 3 août 2023 sur le Niger

    Cliquer ici pour télécharger la vidéo

    Как обычно, коротко и четко, в том числе о схемах которые французы практиковали в Нигере : 

    Преобразования в стране необходимы, власть М. Базума просто прикрывала разворовывание страны. 

    Comme d’habitude, bref et direct, y compris sur les stratagèmes que les français pratiquaient au Niger :

    Des transformations dans le pays sont nécessaires, le pouvoir de M. Bazoum couvrait simplement le pillage du pays.

    Сейчас идет « освободительная борьба за независимость страны », и « дай Бог, чтобы у них все получилось », — добавил глава « ЧВК Вагнер ». 

    Maintenant se déroule « une lutte de libération pour l’indépendance du pays », et « que Dieu fasse qu’ils réussissent complètement », a ajouté le chef du « PMC Wagner ».

    https://t.me/prigozhin_2023_tg/2628

     

    Пригожин 2023 (https://t.me/+3euxW36gcHgxMzJi)

     

     

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    Ghana : manif de solidarité internationaliste wagnérienne…

     

     

     

    Накануне в Гане, в Западной Африке, состоялся митинг против возможной интервенции в Нигер. 

    La veille, un rassemblement a eu lieu au Ghana, en Afrique de l’Ouest, contre une possible intervention au Niger. 

    Местные жители поддержали дружбу с Россией, Нигером, Мали, Буркина-Фасо в противодействии вторжения в Нигер. 

    Les gens du pays ont soutenu l’amitié avec la Russie, le Niger, le Mali et le Burkina Faso par une action d’opposition à une invasion du Niger.   

    Митингующие размахивали флагами России, пели гимн РФ и даже пришли в футболках с символикой "Вагнера". Полиция арестовала трех мужчин за ношение одежды с эмблемой "Оркестра".  

    Les manifestants brandissaient des drapeaux de la Russie, chantaient l’hymne de la Fédération de Russie, et sont même venus avec des maillots aux couleurs de "Wagner". La police a arrêté trois hommes pour avoir porté des vêtements avec l’emblème de l’"Orchestre". 

    Ранее власти Ганы поддержали одобрили идею военного вмешательства в дела соседнего государства. 

    Auparavant les autorités du Ghana ont soutenu et approuvé l’idée d’une intervention militaire dans les affaires d’un pays voisin. 

    @orchestra_w 

    https://t.me/orchestra_w/8369 

     

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    Евгений Пригожин прокомментировал ситуацию с задержанием демонстрантов в футболках с ЧВК "Вагнер" в Гане. 

    Evgueny Prigogine a commenté la situation à propos de l’arrestation des manifestants avec des maillots du PMC "Wagner" au Ghana. 

     

    "Сторонники ЧВК Вагнер - их много по всему миру. Я хочу обратить внимание, что эти сторонники поддерживают идеологию ЧВК "Вагнер", а ЧВК "Вагнер" войн не начинает, она войны останавливает. 

    "Des partisans du PMC Wagner, il y en a beaucoup, dans le monde entier. Je voudrais attirer l’attention sur le fait que ces partisans soutiennent l’idéologie du PMC "Wagner", or le PMC ne commence pas les guerres, il arrête les guerres. 

    Поэтому парни из Ганы - патриоты своей страны и патриоты Африки. Они абсолютно полностью на стороне добра !"  

    Par conséquent, les gars du Ghana sont des patriotes de leurs pays et des patriotes de l’Afrique. Ils sont absolument et entièrement du côté du bien !" 

    @orchestra_w 

     

    https://t.me/orchestra_w/8380

     

     

     

     

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  • (+MAJ importante à 06:07 le 24/2024/04)

     

     

    La jeunesse étudiante US Résistante

    et solidaire de la Palestine!

     

    Biden et les médias occidentaux reprennent en chœur

    l'antienne de "l'antisémitisme"

    pour tenter de sauver la face d'Israël!

     

     

     

     

     

     

     

     

     A Gaza la population recherche ses martyrs

    dans les fosses communes remplies

    par l'armée israélienne depuis des semaines

     

     

     

     

     

    Des Gazaouis racontent l’assaut israélien de l’hôpital Al-Shifa : « Si on sortait, on était tués »

     

    mardi 23 avril 2024

    https://assawra.blogspot.com/2024/04/des-gazaouis-racontent-lassaut.html

    23 avril 2024

    Assawra

     

    Maha Souilem, avec la blouse d’ambulancier de son mari disparu, à l’hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, après le retrait des forces israéliennes, le 8 avril 2024. DAWOUD ABU ALKAS/REUTERS

     

     

     

    Le plus grand hôpital de la bande de Gaza a été entièrement détruit par une attaque israélienne et par les combats autour du centre hospitalier. Trois semaines plus tard, les Palestiniens continuent d’exhumer des corps. 

    Tous les jours depuis trois semaines, Maha Souilem, une infirmière de 38 ans, se mêle aux habitants et aux secouristes qui fouillent les talus de sable dans la cour de l’hôpital Al-Shifa, au cœur de la ville de Gaza, et dans les ruines alentour. La silhouette déchirée du bâtiment principal, troué par les explosions et carbonisé, se détache dans le ciel printanier bleu azur. Maha cherche son mari. 

    Après quatorze jours de siège, l’armée israélienne s’est retirée de la zone le 1er avril, laissant derrière elle un paysage de dévastation et l’odeur âcre des corps en décomposition. Les Palestiniens n’en finissent pas d’exhumer des cadavres : la défense civile a indiqué au média américain NPR en avoir trouvé 381 dans et autour d’Al-Shifa. Environ 160 corps seraient encore sous les décombres des immeubles du quartier, selon les secouristes. 

    Un lieu de mort 

    Un millier d’immeubles auraient été incendiés ou endommagés aux alentours, selon le Hamas, une évaluation reprise par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). L’assaut de l’hôpital est la plus importante opération de l’armée israélienne menée dans l’enclave, depuis le début de la guerre déclenchée après l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. Al-Shifa, qui signifie « la guérison » en arabe, est devenu un lieu de mort. Le plus grand hôpital de la bande de Gaza est aujourd’hui entièrement détruit. A distance et sur place avec l’aide d’un collaborateur, Le Monde a recueilli des témoignages de Palestiniens qui ont vécu l’assaut. La presse internationale est toujours interdite d’accès dans l’enclave par les autorités israéliennes. 

    Dans la cour, deux fosses communes ont été découvertes – trente cadavres en tout, certains dans un état de décomposition avancée. Douze seulement ont été identifiées ; des proches ont reconnu ici une chaussure, là un lambeau de vêtement. La semaine dernière, l’un des collègues de Maha, qui pensait que son fils avait été arrêté, l’a finalement retrouvé parmi les corps. « J’en ai été sidérée », dit l’infirmière. Depuis que leur maison avait été bombardée, elle vivait avec son époux, ambulancier, et leurs deux filles de 2 et 6 ans, dans l’hôpital Al-Shifa. Le couple s’oubliait dans le travail. « Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, au service de notre peuple. » 

    Le 18 mars, l’attaque israélienne les a surpris, au milieu de la nuit. L’hôpital s’est mis à résonner de « coups de feu et explosions d’une intensité inouïe ». « Ils ont fait exploser la salle à côté de nous », raconte Maha. Un haut-parleur a annoncé le siège de l’établissement. « Tout le monde doit se rendre. Personne ne sort, les portails sont fermés », a répété une voix sans visage. Patients, médecins, déplacés, se cognaient dans la cohue. Ceux qui s’approchaient des fenêtres se faisaient tirer dessus. 

    Quand les militaires israéliens sont enfin apparus, ils ont d’abord évacué les femmes déplacées, puis le personnel de santé. Il ne faut pas s’inquiéter, leur ont-ils assuré. Sur la cinquantaine de soignants qui étaient avec elle, 35 ont été arrêtés. « C’est à ce moment-là que mon mari a disparu. Ils l’ont embarqué, l’ont déshabillé, dit Maha, la voix tremblante. Je ne sais rien de lui, s’il a été détenu, exécuté, s’il est enterré… Je ne sais pas où il est. » Parmi les quinze membres du personnel restés avec elle, les soldats « en ont fait sortir quatre ». « Ils les ont laissés s’éloigner, et on a entendu des coups de feu », se souvient-elle. 

    Arrêté et violemment battu 

    Ses collègues ont retrouvé la trace deux d’entre eux à l’hôpital Al-Ahli. Pour les deux autres, personne ne sait. Le directeur du centre d’urgence sanitaire d’Al-Shifa, Moatassem Saleh, a indiqué au Monde avoir perdu la trace de quarante-deux soignants. Au moins quatre membres du personnel de l’hôpital ont été tués, parmi eux, le chirurgien plastique Ahmed Al-Maqdameh. La mère de ce dernier, Yousra, médecin, a également été retrouvée morte. 

    Taha Marzouq, qui travaillait dans le département de radiologie au moment de l’assaut, a plusieurs fois pensé qu’il allait y mourir. « Le 18 mars est le pire jour de ma vie. C’était la première fois que je voyais des chars, des Jeep, des soldats israéliens », se souvient-il. Le soignant, âgé de 33 ans, est arrêté, détenu deux jours, en sous-vêtements, les yeux bandés. Il dit avoir été violemment battu par les soldats israéliens et les avoir vus frapper des patients. Il goûte un semblant de joie quand les militaires lui retirent ses entraves ; il va quitter l’hôpital – l’enfer. « Là, explique-t-il, je suis sorti. J’ai alors vu des cadavres qui gisaient sur le sol. Parmi eux, il y avait le corps de mon collègue, le docteur Mohammed Al-Nounou. J’étais dévasté. » 

    L’armée israélienne avait déjà mené une large attaque contre l’hôpital Al-Shifa, en novembre 2023. Depuis, l’établissement n’était plus que partiellement opérationnel. Les militaires accusent le Hamas d’y avoir installé une base militaire – ce que nie le mouvement islamiste. L’armée a diffusé, début avril des images d’un tunnel, de « grandes quantités » d’armes saisies, ainsi que d’importantes sommes en liquide ou des documents retraçant des réunions du mouvement islamiste palestinien au sein d’Al-Shifa, autour de questions de gestion et de paie de militants. 

    Du 18 mars au 1er avril, les forces israéliennes et les combattants palestiniens se sont affrontés, dans et autour de l’hôpital. Les militaires revendiquent avoir tué 200 hommes armés gazaouis, dont des cadres du Hamas et du Jihad islamique, et en avoir arrêté 500 autres. Aux questions précises du Monde concernant les morts de civils, les forces israéliennes ont renvoyé au communiqué publié après leur retrait, le 1er avril. Il y est affirmé que le combat a été « engagé en évitant de blesser le personnel médical et les patients ». L’armée assure avoir mené une « opération précise ». Aucun des soignants ayant témoigné n’a été pris dans des échanges de tirs entre Palestiniens et Israéliens. Les soldats ont en outre montré des images de ravitaillement de l’hôpital et des équipes préparant des lits pour les malades ; les soignants affirment pourtant avoir eu faim et ne pas avoir reçu les médicaments nécessaires. L’ONU n’a pas été autorisée à apporter de l’aide. 

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé 21 patients morts faute de soins, lors de l’opération militaire. Le 5 avril, après six tentatives infructueuses, l’ONU a pu faire parvenir une mission dans l’hôpital ; l’équipe a « vu au moins cinq corps partiellement recouverts sur le sol, exposés à la chaleur. La sauvegarde de la dignité, même dans la mort, est un acte d’humanité indispensable », rapportait un communiqué de l’OMS. Un employé de l’OCHA raconte avoir dû, avec ses collègues, ramasser des « corps sur le bord de la route ». 

    Des corps déchiquetés 

    En étudiant une partie des dépouilles mortelles retrouvées, le ministère de la santé a identifié une large part de patients, certains corps arborant encore des bandages ou des cathéters, rapporte M. Saleh. « Des traces de blessure par balle étaient visibles sur certains cadavres, uniquement vêtus de leurs sous-vêtements », poursuit-il, suggérant de possibles exécutions sommaires. D’autres corps, enfin, ont été retrouvés déchiquetés, plusieurs morceaux éparpillés – certains probablement en partie dévorés par les chiens ou profanés par les lames des bulldozers qui ont labouré la cour d’Al-Shifa. 

    Trois semaines après l’attaque, Amira Al-Safadi se réveille souvent avec l’impression d’être « encore là-bas ». « J’entends les voix des soldats, le bruit des chars, des missiles, des explosions », raconte-t-elle. Cette femme, médecin volontaire de 26 ans, se souvient avoir eu faim et surtout très soif. Ils étaient assiégés. Vers la fin du siège, dit-elle : « Seize patients sont morts. Pendant quatre jours, on a dû dormir avec les corps : l’armée ne nous a pas laissés les sortir ni les enterrer. » Le quotidien est gouverné par l’incertitude et la peur : l’hôpital est plongé dans le noir, les soldats changent les instructions, il faut transporter les patients d’un département à l’autre et, à chaque déplacement, se faire fouiller. « Tous ceux qui bougeaient ou avançaient [sans en avoir reçu l’ordre] se faisaient tirer dessus », se rappelle la docteure Al-Safadi. Elle accuse les soldats de s’être servis de certains soignants « comme de boucliers humains ». « Ils demandaient aux infirmiers de rentrer dans certains endroits et de fouiller, tandis qu’ils restaient derrière eux », poursuit-elle. 

    Autour de l’hôpital, les habitants racontent les mêmes scènes de siège, d’une rare brutalité. La plupart étaient déjà des déplacés : leur maison avait été bombardée, et ils s’étaient installés non loin d’Al-Shifa, se croyant protégés. La femme de Mohammed Abou Sidou, enseignant de 31 ans, venait d’accoucher, elle avait dû subir une opération. Leur fils avait 5 jours quand l’armée a attaqué. La jeune mère s’est mise à saigner abondamment. Le bâtiment où ils vivaient a été partiellement détruit par des tirs d’artillerie – eux n’ont été que légèrement blessés par des éclats de verre. Tout autour, la plupart des immeubles ont été détruits ou incendiés. Les maisons se sont effondrées sur leurs occupants. Les équipes de la défense civile n’ont pas assez d’équipements pour retrouver les corps prisonniers des gravats. 

    « J’entendais les cris » 

    « J’ai vu que la maison de mon voisin était en flammes, et je n’ai pas pu ouvrir la fenêtre ni intervenir, raconte M. Sidou, qui demeure hanté par ces images. Les gens blessés mouraient dans la rue, et je ne pouvais pas descendre, ne serait-ce que sur le seuil de la maison. J’entendais les cris des femmes, des enfants, des voisins. Si on sortait, on était tués à notre tour, même ceux qui se tenaient juste à leur fenêtre. » 

    Saadia Abou Elnada se souvient surtout du bruit des explosions et des tirs incessants, si proches. Elle habite dans la rue principale, en face de l’hôpital Al-Shifa. Avec son mari, ses enfants et ses petits-enfants, ils se sont retrouvés à dix, terrés dans une pièce. « On mettait des couvertures et des cartons aux fenêtres, de peur que, voyant de la lumière, [les soldats] se mettent à tirer, raconte la mère de famille au visage émacié et anxieux. Ils tiraient au hasard. On étouffait avec l’odeur des explosions et des incendies tout autour. » La famille survit en faisait bouillir de l’eau salée et en mangeant du zaatar, un mélange d’épices. Cela fait longtemps qu’il n’y a plus de pain. Depuis l’assaut, les enfants mouillent leur lit la nuit. « Ils crient, pleurent, ont peur d’aller aux toilettes, se désole-t-elle. On est tous extrêmement abattus. » 

    Elle s’interrompt soudain, se corrige : « On dit les “environs d’Al-Shifa”, mais il n’y a plus d’Al-Shifa ni de quartier autour. » En dévastant ce district, en plein cœur de la ville de Gaza, l’armée israélienne a réduit à néant cette institution opérant depuis 1946 : un hôpital de 750 lits, où naissaient plus de 2 000 enfants chaque mois, avant le 7 octobre. Al-Shifa était le cœur du système de santé gazaoui, qui, visé par des attaques israéliennes, s’est effondré depuis des mois. Des générations de médecins s’étaient formées dans cet hôpital universitaire. Sa destruction oblitère encore un peu plus le futur de Gaza. 

     

    Par Clothilde Mraffko
    Le Monde du 22 avril 2024

     

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     Comme à l'époque du Vietnam,

    sur les campus US, comme à Gaza,

    le combat pour la libération du peuple palestinien continue!

     

     

     

     

     

     

     Sur la Palestine, voir aussi:

     

    http://cieldefrance.eklablog.com/free-palestine-le-dernier-cri-d-aaron-bushnell-soldat-de-l-us-air-forc-a215459725 

     

    http://cieldefrance.eklablog.com/a-jericho-briser-le-mur-du-genocide-ca-commence-rue-aaron-bushnell-a215545663  

     

     

    A Jéricho, briser le mur du génocide, ça commence Rue Aaron Bushnell!

    https://i.guim.co.uk/img/media/fcd29249086872095ece419872d475d4681f6357/0_605_4032_2419/master/4032.jpg?width=1900&dpr=1&s=none

     

     

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f9/Self-immolation_of_Thich_Quang_Duc_and_Aaron_Bushnell_cartoon_by_Latuff_%282024%29.jpg

     

     

    https://substackcdn.com/image/fetch/f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2Fd1d024a7-5621-4553-b838-888dd462d4be_800x800.jpeg

     

    https://pbs.twimg.com/media/EZ_klpVUwA0zzVe.jpg

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    21 ans après sa mort, reportage en direct depuis la Rue Rachel Corrie, à Téhéran!

    http://cieldefrance.eklablog.com/21-ans-apres-sa-mort-reportage-en-direct-depuis-la-rue-rachel-corrie-a-a215553181

     

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    De l'Île St Denis à Nabi Saleh : Solidarité avec la Résistance villageoise palestinienne!

    http://cieldefrance.eklablog.com/de-l-ile-st-denis-a-nabi-saleh-solidarite-avec-la-resistance-villageoi-a214979305

     

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    https://i.guim.co.uk/img/media/6e079b75e4319784417bd6571e5b2be70485c27e/0_192_5760_3456/master/5760.jpg?width=1900&dpr=1&s=none

     

     

    Source de la compilation:

     

    http://cieldefrance.eklablog.com/la-jeunesse-etudiante-us-resistante-et-solidaire-de-la-palestine-a215719733

     

     

     

    https://www.arabnews.com/sites/default/files/pictures/March/20/2024/arron_bushnell_died.jpeg

     

     

     

     


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     Si en cette fin avril le climat a bien du mal à se "réchauffer", le bleu du ciel entre les nuages peut tout de même commencer à faire rêver...

     

    Néanmoins, le "prix du rêve" n'est pas le même pour tout le monde...

     

    Le paradoxe étant que si vous avez les moyens de dépenser sans trop compter, vous aurez aussi les moyens "d'économiser" aux dépens de la collectivité, sans pour autant "rogner" sur votre luxe, bien au contraire...

     

     

     

     

     

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    Le Yachting, pour M. Drahi, un « sport » de loisir

                   ...très loin des soucis fiscaux et du droit social…

     

     Par Clara Monnoyeur , Moran Kerinec

    Patrick Drahi était jusqu’en 2022 propriétaire d’un superyacht acheté presque 32 millions d’euros. Même quand il est question de son budget vacances, l’homme d'affaires met en place des montages pour éviter les impôts et autres droits sociaux.

    Que faire lorsqu’on est milliardaire et que l’on possède déjà plusieurs résidences à travers la planète – chalets en Suisse, villa aux Caraïbes et appartement géant à New-York ? À la tête du groupe Altice (SFR, BFM…) et 13ème fortune de France, Patrick Drahi s’est d’abord offert son jet privé, comme il se doit. Après avoir conquis les airs, il a voulu la mer. Il a donc investi dans un superyacht.

    Mais jouir d’un yacht revient à jeter l’argent par le hublot : équipages, assurances, carburant, entretien, etc…, tout se facture et l’addition gonfle vite. Problème : l’homme aime autant les opérations juteuses que les économies. Heureusement, le patron de SFR est un fin navigateur fiscal. Un art dans lequel il excelle comme l’ont documenté les révélations des DrahiLeaks.

    Un luxe essentiel

    Patrick Drahi a usé de toutes les astuces pour réduire les coûts de son somptueux yacht, conservé pendant une petite décennie, de 2013 à 2022. Originellement appelé Quinta Essentia – traduction latine du « 5e élément » –, le bateau géant a été rebaptisé quand il l’a racheté en 2013.

    Cette fois classé dans la catégorie des superyachts, le Quite Essential est un palace flottant. Il porte bien son nom : « tout à fait indispensable » en français. En réalité, il a bien plus que le nécessaire. Ses 55 mètres de long peuvent accueillir jusqu’à 12 passagers et 13 membres d’équipage. À bord, rien n’est trop beau pour se prélasser : sauna, hammam, salle de massage, salle de gym, un jacuzzi sur le pont, une piscine avec une cascade à la poupe… Six salons et deux salles à manger desservies par un ascenseur en verre accueillent dignement les invités. Et les cinq salles de bains disposent toutes d’un sol chauffant en onyx. Indispensable pour éviter d’attraper froid aux pieds en sortant de la douche.

     

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/yacht1.png

    Crédits : DR.

     

    Modelé sur mesure par les chantiers hollandais Heesen pour l’oligarque russe Valentin Zavadnikov, le yacht a été mis à l’eau en mars 2011. Malgré quelques voyages fastueux, le joujou luxueux perd les faveurs de l’homme d’affaires slave, qui le met en vente pour 100 millions de dollars en octobre 2011. Patrick Drahi l’achète finalement 31,850 millions d’euros avec Armando Pereira, son ami et fidèle bras droit récemment mis en cause par la justice portugaise pour malversations.

    Exigence et propreté

    Dans ces fourchettes de prix, les ultra-riches ont bien souvent – en plus d’un cadre somptueux – les services de tout un personnel dévoué, payé à anticiper chaque besoin. À bord du Quite Essential, le propriétaire d’Altice disposait de ses propres masseuses, d’un chef cuisinier et de femmes de chambre. De quoi adoucir encore l’air marin et se détendre. Enfin, presque : si Patrick Drahi aime que son personnel soit aux petits soins, par exemple pour se faire masser les pieds ou le corps, il déteste être dérangé par ses domestiques. Pour l’éviter, des manuels de bonnes conduites décrivent les habitudes des membres de la famille, leurs préférences et surtout les erreurs à ne pas commettre sur le bateau.

    Le ménage et le rangement sont des priorités pour « Mr D » – les initiales réservées au maître dans ces fiches. L’indispensable document rappelle :

    « Mr D et sa famille sont très exigeants sur la façon dont les choses fonctionnent et sont disposées sur le bateau. »

    Il faut par exemple des fleurs fraîches dans les salles de bain qui ne bénéficient pas de la lumière du jour, mais des orchidées pour celles avec lumière naturelle. Et attention : interdiction de toucher à la trousse de toilette bleue que « Mr D » possède depuis plus 20 ans, « car il n’aime pas chercher ses affaires ». Mieux vaut le savoir. Cette autre recommandation, également :

    « Attention n’abusez pas de l’attention ou de tout type de service direct […] concentrez-vous sur le bien-être de la famille ou des amis. »

    Tout doit être propre, tout le temps. « Mr D était dans l’armée donc il connaît le nettoyage. Il est très important de s’assurer que le bateau est bien nettoyé tous les matins. Il voit tout et remarque tout », résume son manuel de bord. Il voit tout mais ne veut surtout pas voir celles qui font le travail : « Il n’aime pas voir les filles faire le ménage dans les cabines », est-on prévenu. La mission est claire pour les préposées : rester discrètes et attendre les heures de repas ou les excursions pour nettoyer derrière « Mr D ». Sinon, les membres de la famille « se sentent mal à l’aise lorsqu’ils entrent et qu’il y a une fille dans la cabine ». On les comprend.

    Un yacht au paradis fiscal

    Tout ce luxe a un prix. En 2019, Quite Essential a englouti la bagatelle de 2,68 millions d’euros environ. Heureusement, pour profiter de vacances optimisées, le patron d’Altice connaît les astuces qui réduisent ses charges. Sur le papier, Patrick Drahi n’était en réalité pas le propriétaire direct du navire. Celui-ci appartenait à QE Yachting Limited, société domiciliée en 2013 dans le paradis fiscal de Guernesey, puis à Malte en 2017, où elle était gérée par le cabinet TCV Management and Trust Services Limited.

    Ce nouveau mouillage n’est pas un hasard. L’île méditerranéenne est réputée pour sa fiscalité très avantageuse pour les yachts. Ce montage, qui a permis au tycoon des télécoms de régenter la vie à bord du Quite Essential sans en être officiellement propriétaire, a été orchestré par Luxembourg Marine Service. Spécialiste du yachting, la société se vante de fournir « un support de qualité tout en optimisant les dépenses ».

     

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/yacht2.png

    Crédits : DR.

     

    Avec Patrick Drahi, sa famille et ses amis, le Quite Essential a quasi exclusivement navigué en Méditerranée. Pourtant, l’occupant en chef a choisi d’enregistrer le yacht aux îles Caïmans. Ce stratagème – l’immatriculation aux Caraïbes – a permis au navire d’échapper à l’impôt. Ce qu’on sait moins, c’est que le recours à ce qu’on qualifie communément de pavillon de complaisance permet aussi, puisqu’on s’enregistre dans des pays aux lois fiscales mais aussi sociales plus souples que celles des eaux territoriales où le bien est exploité, de contourner le droit du travail.

    Des travailleurs à moindre coût

    Alors que Patrick Drahi prenait son petit déjeuner matinal au soleil – composé d’un jus de carotte frais, d’un café latte et de deux tranches de brioche – en lisant son journal, son personnel s’activait sûrement depuis plusieurs heures dans l’ombre. Pendant sa baignade de fin de matinée, il fallait préparer des amuse-bouches pour prévenir sa sortie de l’eau – c’est connu, ça creuse. Et toujours penser à lui proposer un verre de pastis pour l’apéro. Avec cet avertissement inscrit dans la bible de bord :

    « Ne le faites pas trop fort, il vous le renvoie si c’est le cas. »

    Pourtant, si le patron d’Altice aime avoir autour de lui tout un personnel sur le qui-vive, il tient aussi à réduire « les coûts » induits par ce déploiement à son service. Pour Corine Archambaud, secrétaire nationale de l’Union fédérale maritime CFDT, spécialiste des yachts et inspectrice de la Fédération internationale des ouvriers du transport (l’ITF), le montage alambiqué qui formalisait les obligations déclaratives du bateau favorise clairement une « dérégulation sociale ».

    L’examen des contrats de travail du Quite Essential le prouve. Les salaires ? Formalisés sous la forme de forfaits, ils ne sont pas indexés sur le nombre d’heures travaillées. Le temps de travail ? Pas de limite hebdomadaire, l’équipage pouvant enchaîner jusqu’à 14 heures consécutives. Les heures supplémentaires ? Elles ne sont donc pas mieux rémunérées, de même que les week-ends travaillés. Les préavis de licenciement ? Réduits au minimum, à sept jours. L’indemnité de licenciement ? Pas prévue par les contrats de travail…

    Les DrahiLeaks révèlent que pour prévenir les accidents de travail, le personnel navigant du Quite Essential était couverts par une assurance privée : en cas de handicap permanent consécutif à accident à bord, elle leur assurait une prise en charge jusqu’à 300% du salaire annuel. Une couverture nettement moins protectrice en réalité que celle garantie aux travailleurs en France par l’État. « Si vous finissez en fauteuil roulant, vous n’êtes plus pris en charge au bout de trois ans », pointe Corine Archambaud. Elle précise :

    « Alors qu’en France, vous avez une pension. »

    Ce n’est pas tout. Sur les contrats, les cotisations sociales relèvent de la responsabilité des employés. « Vous êtes tenu de respecter vos propres obligations fiscales et de sécurité sociale ou similaire dans la juridiction où ces obligations peuvent survenir », relève la syndicaliste. Une manière efficace de rogner sur les retraites, le chômage et la sécurité sociale de l’équipage, constate Corine Archambaud :

    « Ce devrait être l’employeur qui paie les contributions sociales. Le pavillon de complaisance sert ici à l’exempter. »

    Après expertise, le jugement de l’inspectrice est sévère :

    « Ils sont au ras des pâquerettes sur la convention du travail maritime international de 2006. C’est le minimum décent avant l’esclavage. »

    Location et pollution

    Ce rabotage en règle des droits sociaux de ses employés n’a pas empêché Patrick Drahi de savourer le temps passé sur son yacht. Entre 2013 et 2019, il l’a ainsi réservé et utilisé en son nom propre sur près d’une centaine de jours. Presque autant que son bras droit Armand Peirera, l’homme soupçonné de corruption, blanchiment d’argent et fraude fiscale par la justice portugaise.

    Le reste du temps, le milliardaire mettait régulièrement son bateau à la location, équipage compris. De 2013 à 2019, Quite Essential a reçu des hommes d’affaires russes, hongrois, indien, israéliens, un multimillionnaire norvégien, un prince saoudien, un ancien ambassadeur qatari en France, un prince allemand… À des tarifs variés : de 88.334 euros pour deux jours à un champion de racing chinois, à 1.060.000 euros les 28 jours pour un joueur de foot espagnol. En 2017, la location d’une semaine à bord était estimée à 295.000 euros. Selon nos calculs, l’ensemble de ces prestations ont été facturées plus de 13 millions d’euros.

    Le palace flottant du fondateur d’Altice se révèle également être une machine à polluer : selon l’analyse du collectif écologiste YachtCO²Tracker, ses deux moteurs MTU 20V 4000 M93L consomment chacun environ 1.103 litres de gasoil par heure. Pour un « simple » aller-retour entre La Ciotat et Monaco, les ports où le bateau était respectivement mis en maintenance et exploité, l’empreinte carbone est démesurée : environ 72 tonnes de CO², brûlant 27.000 litres de gasoil. En un voyage, Patrick Drahi consommait ainsi neuf fois plus de CO2 que la moyenne d’un Français sur un an. (1)

    Pour autant, ce va-et-vient le long de la côte française est une goutte d’eau comparée aux croisières en charter du Quite Essential. Rien qu’en 2020, le yacht a navigué d’Ajaccio (2A) à l’Albanie en juin, et sillonné à plusieurs reprises toute la côte italienne – ralliant par exemple Gênes à Palerme, en Sicile, d’un bord à l’autre de la botte.

    Dans un article du Monde de 2022, Grégory Salle, auteur de « Superyachts. Luxe, calme et écocide », rappelait que la flotte des 300 plus gros superyachts en activité émettait à elle seule près de 285.000 tonnes de dioxyde de carbone. Autant, voire plus, que tout un pays. Les yachts sont aussi responsables de la destruction des fonds marins, comme l’a dénoncé le magazine Géo.

    Ces constats inquiètent d’autant plus que les ventes sont en hausse, comme l’a constaté Basta dans un article de 2022. Sur une trentaine d’années (2), le nombre de navires de luxe en exploitation a été multiplié par cinq : 5.325 unités étaient recensées début août 2021, contre 966 en 1988, selon le média indépendant.

    Après Drahi

    En 2019, Patrick Drahi n’a plus la tête à naviguer, soudainement. Il souhaite revendre son jouet et missionne pour s’en séparer un spécialiste du marché. L’agence Fraser lui fournit la totale : publicités dans les magazines et sites spécialisés du yachting, visites 360°, photoshoot du vaisseau, vidéo… Mais la vente s’avère difficile. La valeur de son bien s’est érodée. Des 100 millions de dollars en 2011, son estimation a chuté à 33 millions en 2017.

    « Cela me fait de la peine de voir un bateau non-utilisé », pleurniche Drahi dans un échange mail avec le courtier missionné. Un client prometteur s’est désisté d’une offre à 22,3 millions. « QE est en sélection finale pour un client turc, mais pas de visite planifiée à ce jour », lui écrit le vendeur le 9 octobre 2020, pour tenter de le rassurer. La réponse est sèche :

    « Oubliez, ils parlent mais n’ont pas un kopeck les Turcs. »

     

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/yacht3.png

    Crédits : DR.

     

    Pour sortir de l’impasse, son conseiller lui suggère de baisser son prix – entre 23,5 et 25 millions. Résigné, Patrick Drahi approuve et tacle. « Ok pour le mettre à 25m€, pour le contrat on renouvellera fin décembre pour 12 mois mais ce serait bien que vous ayez des offres, 15 mois sans offre ce n’est pas fantastique. » Par chance, le poisson finit par mordre : un protocole d’accord de vente est finalement conclu en 2021 avec Kompass Kapital Holding. Prix du rachat, finalisé l’année suivante ? 21 millions d’euros.

    Depuis qu’il s’est séparé de son yacht, l’ex-maître de bord n’a pas eu le loisir de penser au bon temps passé sur les flots. Il a d’autres chats à fouetter suite à l’affaire Pereira, qui a déclenché la tempête – notamment l’ouverture en France d’une enquête judiciaire au Parquet national financier (le PNF).

    Pendant ce temps, sur une mer calme, le Quite Essential vogue sous un nouveau nom. Il s’appelle désormais After you : « Après toi », dans la langue de Shakespeare.

    (1) L’estimation du niveau moyen de l’empreinte individuelle annuelle des Français serait d’environ 8 tonnes CO2eq, pour l’année 2022.

    (2) Édit le 5 avril 2024 : Sur une trentaine d’années et non en 13 ans comme écrit précédemment, le nombre de navires de luxe en exploitation a été multiplié par cinq.

    Contacté, Patrick Drahi n’a pas répondu à nos sollicitations.

     

     Source de la compilation :

     

    http://cieldefrance.eklablog.com/yachting-vs-galere-une-critique-des-ultra-riches-jalousie-ou-bien-simp-a215718721 

     

    Et maintenant il s'appelle "After you"... Après vous...
    Après lui, vogue la galère...
     

     

     

     

     

     

     

     

     


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     (Au 23/04/2024, MAJ suite du débat Luniterre/Dugois, sur Agoravox)

     

     

     

    Sur Agoravox, voir également la republication de:

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    • LuniterreLuniterre 21 avril 17:16 
       

      Bonjour M. Dugois,

       

       

      Juste une ou deux petites questions sur deux sujets, liés dans votre propos, et qui semblent vous préoccuper de manière omniprésente dans vos écrits :

       

      Celle qui me paraît la plus essentielle porte sur votre rejet du principe « les crédits font les dépôts ». Ce principe est désormais celui qui régit de manière tout à fait officielle (*) la gestion monétaire de la BDF, qui le tient donc, hiérarchie oblige, de la BCE, et qui a donc force de loi en droit européen, et à ce titre ne peut être contesté qu’à titre d’option idéologique, ce qui semble donc être votre cas, bien que vous vous défendiez, me semble-t-il, par ailleurs, de toute idéologie…

       

      Pourquoi pas, mais cela interroge donc sur l’origine temporelle de cette systématisation, dans la mesure où vous souhaitez donc en revenir au principe inverse, « les dépôts font les crédits ».

       

      En effet depuis quand faut-il donc considérer que cette « bonne pratique », selon vous, a réellement cessé, et à quel type de développement économique faut-il donc en revenir, selon l’époque où cela est survenu ?

       

      Je viens de passer plusieurs heures à rechercher, entre autres, concernant ce thème d’histoire économique, sans parvenir à une conclusion précise :

       

      _ Paul Jorion fait remonter la définition de ce principe à Schumpeter, soit vers la fin des années 40.

      _ JM Daniel fixe ce changement essentiellement à la fin des accords de Bretton Woods, au début des années 70, donc.

      _ D’autres, mais sans références précises, font allusion au fait que cette pratique aurait déjà été à l’origine de l’essor de la révolution industrielle.

      _ D’autres citent des exemples connus, pour leurs faillites célèbres, au XVIIIème et même au XVIIème siècle.

       

      Mais l’histoire, de toute façon, retient essentiellement ce genre d’évènement, sans s’étendre sur les pratiques courantes quand elles ne causent pas « d’incidents »… Je pense ici à la « Haute Banque » du XIXème siècle, dont il semble difficile de préciser les pratiques à ce sujet.

       

      Quel est donc votre avis sur ce « tournant » sociétal et économique effectivement déterminant, et quelles sont les sources qui déterminent votre avis ?

       

      Luniterre

      (* l_eco-en-bref_qui-cree-la-monnaie.pdf (banque-france.fr)

      https://abc-economie.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/l_eco-en-bref_qui-cree-la-monnaie.pdf )

       
       
       


      • Marc DugoisMarc Dugois 21 avril 18:18 

        @Luniterre

        C’est en effet un sujet essentiel que l’on ne peut aborder sérieusement qu’en ayant franchi l’obstacle de l’origine de la force de la monnaie que trop peu de gens voient comme l’énergie quelle est.

        La vraie difficulté est d’accueillir que seule l’énergie humaine est source de l’énergie monétaire. Il y a une violence extraordinaire chez beaucoup à refuser que la monnaie soit une énergie. Elle n’est pour la plupart qu’un symbole, une marchandise ou une institution et sa force vient de Dieu sait où. Sans la réflexion sur l’origine physique de la force de la monnaie on ne peut avancer sur votre question. Tout le monde s’accorde à accepter que l’électricité soit une énergie vecteur d’énergies fossile, atomique, solaire, gravitationnelle ou éolienne mais peu de gens acceptent que la monnaie soit une énergie vecteur d’énergie humaine.

        Ce n’est qu’à partir du 15 août 1971, quand Nixon a déconnecté le dollar de l’or qui véhiculait l’énergie humaine qu’il avait fallu dépenser pour l’obtenir, que toutes les monnaies liées au dollar par les accords de Bretton Woods, se sont retrouvées sans lien avec une richesse réelle véhiculant une énergie humaine indispensable.

        Une fois accepté ce que je considère comme une évidence, la réponse à votre question coule de source. Quand les dépôts créaient les crédits, il fallait d’abord en dépensant son énergie, se procurer la richesse donc l’argent et les crédits n’existaient pratiquement que sur gages. Depuis que l’argent est déconnecté d’une richesse reconnue, les banques créent une monnaie qui ne vaut objectivement rien puisque aucune énergie humaine ne l’a encore nourrie, mais que l’on valorise par souvenir inconscient et collectif de la valeur de la monnaie or. Très peu de gens ont réalisé que nous avons change de monde et que les dépôts venant des crédits ne sont nourris que par une énergie humaine à trouver demain par n’importe quel moyen et sans contrepartie puisque la contrepartie a été consommée avant l’origine de sa force. C’est un retour de l’esclavage et les folles batailles actuelles du commerce international ne sont là que pour savoir qui va être esclaves.

        Provisoirement les gens croient que la monnaie scripturale a une valeur à cause de l’histoire des monnaies, alors qu’elle n’en a aucune et qu’elle représente 90% de la monnaie en circulation. Ce provisoire ne peut durer. La hausse des prix commence à rogner la valeur de la monnaie en attendant qu’on se mette d’accord par la guerre sur qui sera esclave. La vraie monnaie est limitée par les efforts humains passés. La fausse monnaie actuelle illimitée nous fait réinventer l’esclavage sans le dire encore et explique le goufre qu’il y a entre dirigeants de plus en plus incompétents et peuples. Tout le reste n’est qu’habillage, incompétence, mauvaise foi et surtout peur.

         
         


      • Francis, agnotologueFrancis, agnotologue 21 avril 18:51 

        @Luniterre
         
        ’’Quand une banque commerciale accorde un crédit
        à un particulier ou à une entreprise par exemple, le
        montant du crédit octroyé est inscrit sur le compte
        en banque du client : la monnaie a été créée.’’
        — >
         il manque à cet extrait de l’explication (cf. votre lien) la précision importante suivante :
         
        Le montant du crédit accordé est Quand une banque commerciale accorde un crédit
        à un particulier ou à une entreprise par exemple, le montant du crédit octroyé est inscrit sur le compte en banque du client, à la fois au crédit et au débit.
         
        Le client a donc de l’argent à disposition l’argent que lui a donné la banque, mais a aussi une dette elle. Dette qu’il devra rembourser selon un échéancier consensuel prévu par les parties.

         
         
         


      • LuniterreLuniterre 22 avril 00:23 

        @Marc Dugois

         Dans votre réponse, comme d’une manière générale dans vos textes, vous établissez donc un rapport historique direct entre la fin des accords de Bretton Woods et l’inversion de la création monétaire par les banques dans le sens « les crédits font les dépôts ».

         

        Incontestablement, je partage avec vous le constat que la fin des accords de Bretton Woods est un tournant historique dans l’histoire économique du monde.

         

        Pour autant ce système de création monétaire, s’il a à nouveau été quelque peu modifié à cette occasion, et effectivement rendu quasi hégémonique, avec des garanties de plus en plus limitées, en apparence du moins, a, pour l’essentiel de l’activité économique, toujours existé aux USA, où le système des réserves fractionnaires a commencé à être réglementé, sous diverses formes, depuis la première moitié du XIXème siècle déjà.

         

        En France le système des réserves obligatoires n’apparaît officiellement qu’en 1967, mais c’est donc déjà plusieurs années avant la fin des accords de Bretton Woods, d’un part, et le fait que la nécessité d’une régulation se manifeste, d’autre part, atteste donc surtout de la préexistence d’une pratique non réglementée, et n’indique pas spécialement la durée d’antériorité de cette pratique, possiblement, et même, probablement, très ancienne, à titre au moins partiel, sinon donc généralisée, dans les années 60, au point de rendre nécessaire cette régulation impérative.

         

        Cela pourrait donc nous ramener au « mystère » des pratiques de la « Haute Banque », fraction dominante du capitalisme au XIXème siècle en France, et qui a présidé au développement de la révolution industrielle dans notre pays.

         

        Mais il ne semble pas que beaucoup de traces en aient subsisté…

         

        D’autre part vous semblez absolument tenir à associer la notion de valeur de la monnaie à l’énergie humaine, et tout à fait à la façon de Marx, donc et pourquoi pas, également. Pour Marx la notion de valeur est plus spécifiquement liée à la notion de travail productif, directement intégré, au cours du processus productif, à la marchandise, ou, éventuellement, au service créé.

         

        Néanmoins, avec le développement du machinisme et déjà les débuts de l’automatisation de la production, même avec la technologie reposant sur l’énergie à vapeur de son temps, Marx distinguait la valeur d’usage de la force de travail de la valeur d’usage du capital fixe, déjà le fruit d’un cycle précédent de la production.

         

        Or depuis plus d’un siècle et demi déjà, avec les progrès de l’automatisation, et aujourd’hui, de la robotisation, le nombre exponentiel de cycles productifs, des machines produisant d’autres machines, jusqu’au produit de consommation finale, et la réduction drastique de la main d’œuvre industrielle productive font que l’essentiel de la marchandise produite n’est pratiquement plus, en termes de valeur, que la reproduction de la valeur d’usage du capital fixe investi, c’est-à-dire précisément, in fine, de la dette.

         

        Et donc, en revenir à un système ou la valeur de la monnaie est strictement étalonnée sur l’énergie humaine dépensée dans le travail productif, même avec une conception « élargie » de celui-ci, c’est en revenir, peu ou prou, à un stade de développement économique préindustriel, ou au mieux, équivalent aux tout débuts de la période industrielle.

         

        Evidemment, cela peut avoir son charme, mais sera sans aucun doute très difficile à assumer pour la plupart de nos contemporains !

         

        Luniterre

         
         


      • LuniterreLuniterre 22 avril 00:59 

        @Francis, agnotologue

        Observation sensée, et même simplement logique !

        Ce qui est étrange, là encore, c’est qu’on ne la trouve pas reprécisée dans un tel doc sur le sujet, alors qu’il provient de la BDF-BCE, et c’est même pour ce caractère « officiel » que je l’ai donc cité ici !

        Luniterre

         
         


      • Francis, agnotologueFrancis, agnotologue 22 avril 09:54 

        @Luniterre
         
        Le fait que personne quasiment ne réagisse à ces erreurs ou lacunes dans des documents et les discours d’autorité me donne à penser que les propriétaires officiels de la parole peuvent raconter n’importe quoi. Et ils ne s’en privent pas.
         
        « Vous ne réalisez pas à quel point il est difficile d’exposer la vérité dans un monde rempli de gens qui ne sont pas conscients de vivre dans le mensonge » Edward Snowden
         

         Lire : Gouvernance et médiocratie

         Devenez tous agnotologues : ouvrez les yeux.

         
        _________________________________________________________________________________________
         
      • Marc DugoisMarc Dugois 22 avril 11:43 

        @Luniterre

        « D’autre part vous semblez absolument tenir à associer la notion de valeur de la monnaie à l’énergie humaine »

        Oui c’est pour moi la seule source possible de la force de la monnaie qui est une énergie évidente dont la source reste la plupart du temps inconnue.

        Quant à toutes les machines, elles sont intéressantes parce que l’énergie humaine contenue dans ce qu’il a fallu dépenser pour la construire et la mettre en marche, est multipliée par ce que fait dorénavant la machine. MAIS la machine n’a un intérêt macroéconomique que si l’énergie humaine remplacée avantageusement par la machine, est utilisée ailleurs dans l’intérêt du groupe. Si le travailleur intelligemment remplacé par la machine, devient chômeur ou gaspille son énergie en ne faisant que du jogging ou des grosses colères, la machine qui l’a remplacé est intéressante pour son propriétaire mais pas pour la collectivité.

         
         
         


      • LuniterreLuniterre 22 avril 13:13 

        @Marc Dugois

        En somme, vous résumez assez bien le problème, et pour l’essentiel je partage assez votre analyse, avec néanmoins un regard très critique à l’égard du manque de logique dans la définition de ce que peut être une « chaîne de valeur », dans l’économie moderne, et qui aboutit donc à la finalisation de la valeur commerciale des biens et des services.

         

        « Chaîne de valeur », qui, que ça nous plaise ou non, amène une définition du prix de toutes choses reflétant peu ou prou leur « valeur » dans la société actuelle, même si avec quelques distorsions notables, mais secondaires dans le présent débat.

         

        Du point de vue de la logique économique la plus élémentaire il est donc nécessaire et incontournable que la quantité de monnaie en circulation soit au moins suffisante pour que la majorité des citoyens, et en principe même, absolument tous, aient de quoi se payer les biens essentiels à une vie sociale décente dans le contexte moderne.

         

        Dans la mesure ou la valeur réelle de ces biens reflète à la fois l’investissement en main d’œuvre (énergie humaine), et en capital fixe (ici, pour simplifier : machinerie plus ou moins robotisée), il y a donc bien une sorte de « dualité » dans la fonction monétaire, qui ne peut plus, et peut-être malheureusement en un sens, se réduire à la seule énergie humaine.

         

        Donc poser une sorte de « principe moral » selon lequel l’énergie humaine serait « la seule source possible de la force de la monnaie », cela nous ramène bel et bien, en toute logique, à un stade de développement économique qui doit absolument se passer de l’essentiel du progrès technologique moderne, fondé sur le cycle de renouvellement du capital fixe, pour en revenir, par voie de conséquence, à une société artisanale type « amish » !

         

        Maintenant, on peut aussi suivre logiquement une autre partie de votre raisonnement, qui parle de « l’intérêt du groupe » pour l’utilisation des machines, et de leur intérêt « pour la collectivité », il faut donc, dans cette optique et pour ne pas sombrer dans le biais « amish », même s’il peut avoir son « charme désuet » (pour le moins !), aller logiquement jusqu’à proposer la collectivisation de l’usage des machines, c’est-à-dire des moyens de production, in fine.

         

        Ce qui semble nous ramener à la question d’une forme moderne de socialisme, pour appeler un chat un chat…

         

        Néanmoins « moderne » au sens précisément où le cycle de renouvellement du capital fixe est aujourd’hui complètement différent de ce qu’il était à l’époque de Marx, ou même, de l’URSS.

         

        Ceci-dit, Marx, dix ans avant même la publication du Capital, avait déjà envisagé et étudié le principe de cette perspective, comme aboutissement de la société industrielle, dans ses Grundrisse, qui sont à la base son œuvre, d’où leur nom.

         

        Ce qui nous reste de son œuvre est donc tout à fait inachevé, même avec les efforts d’Engels pour compléter ses « brouillons ». Même aux USA nombre d’économistes s’intéressent donc aux Grundrisse, précisément pour comprendre l’évolution de la société industrielle en voie de robotisation…

         

        Luniterre

         

        Cinq différences essentielles entre l’époque de Marx et la nôtre (Nouvelle édition)

         

        http://cieldefrance.eklablog.com/cinq-differences-essentielles-entre-l-epoque-de-marx-et-la-notre-nouve-a215228819 

        ******************************************

         
         


      • LuniterreLuniterre 22 avril 16:30 

        @Marc Dugois

        Dans mon précédent post, auquel vous n’avez pas encore répondu, je montre donc que selon la logique il y a bien une contradiction interne dans votre propos, et que si l’on vous suit, à part le statu quo, que vous semblez assez justement rejeter, il n’y a que deux alternatives, selon votre propre logique, donc :

         

        Soit une forme de capitalisme primitif artisanal et/ou genre « amish », soit une forme moderne de « socialisme » par la maîtrise collective du cycle de renouvellement du capital fixe.

         

        Si le monde moderne, en l’état actuel, est dominé, et même, carrément écrasé par la dette, ce n’est pas essentiellement parce que des obsédés du déficit nous gouvernent, mais simplement par le fait que le cycle du capital réellement productif de plus-value, celui qui met en jeu « l’énergie humaine » que vous tenez tant, et là aussi, justement, à « valoriser », à plus d’un titre, n’est plus en mesure d’assurer le cycle de renouvellement du capital fixe, du simple fait même de la disproportion croissante entre les deux.

         

        C’est là l’origine économique systémique de la dette et donc du nouveau pouvoir des Banques Centrales, seules en mesure de contrôler ce phénomène « Quoi qu’il en coûte ! », comme dirait l’autre, sous-gauleiter de la BCE en France….

         

        Reprendre le pouvoir sur l’usage de nos vies, ce n’est donc pas une nouvelle tournée du cirque électoral dont les numéros nous sont rejoués ad nauseam depuis un demi-siècle, mais bien reprendre le contrôle démocratique de l’emploi du crédit, quel qu’en soit la forme, pourvu qu’il soit dirigé vers les investissements réellement socialement nécessaires, dans tous les domaines. Les emplois correspondants créés, en éradiquant le chômage, amèneront logiquement un nouvel équilibre entre production et consommation, et donc, à terme, un nouvel équilibre budgétaire, également, avec une maîtrise réellement basée sur l’indépendance nationale !

         

        Luniterre

         
         

     

    ****************************************

     

    Au 23/04/2024, suite du débat Dugois/Luniterre,

    sur Agoravox:

     

     





    • Marc DugoisMarc Dugois 23 avril 06:56 

      @Luniterre

      "Du point de vue de la logique économique la plus élémentaire il est donc nécessaire et incontournable que la quantité de monnaie en circulation soit au moins suffisante pour que la majorité des citoyens, et en principe même, absolument tous, aient de quoi se payer les biens essentiels à une vie sociale décente dans le contexte moderne".

      Vous touchez là à l’essentiel en choisissant l’idéologie au lieu de la réalité. Tant que vous n’intégrerez pas que la monnaie n’est qu’un prélèvement étatique de la richesse nationale, c’est-à-dire d’une énergie humaine passée déjà bien dépensée, vous ferez comme nos dirigeants et vous inventerez de la fausse monnaie pour dormir tranquille en ne réalisant pas que vous choisissez la guerre.

      La guéguerre entre le capital et le travail n’a pour moi aucun sens. Pour moi l’argent est de l’énergie humaine déjà bien utilisée (une richesse comme l’or) et stockée dans la monnaie quand le travail est l’énergie humaine du présent. Tout l’intérêt de la monnaie est qu’elle est limitée au prélèvement qu’a fait l’État sur la richesse nationale qui n’est que le regard que porte un peuple sur lui-même. Cette limitation force dans une société normale à faire des choix drastiques entre prélever plus ou dépenser moins. Cela s’appelle la politique et se fait soit directement par le peuple soit par ses représentants. Aujourd’hui ni les représentants ni le peuple ne veulent voir le problème et s’en évadent comme vous êtes tenté de le faire.

      Si vous voulez, comme en effet malheureusement presque tout le monde, que "la quantité de monnaie en circulation soit au moins suffisante pour que la majorité des citoyens, et en principe même, absolument tous, aient de quoi se payer les biens essentiels à une vie sociale décente dans le contexte moderne", vous décidez que les problèmes doivent être réglés par la ruse aujourd’hui et par la guerre demain matin. Et vous restez incapable de dire de quelle énergie viendrait la force de la monnaie.

       
       


    • LuniterreLuniterre 23 avril 10:36 

      @Marc Dugois

      Vous m’imputez de faire dans l’idéologie, mais vous répétez vous-même votre crédo, « pour moi la monnaie, c’est de l’énergie humaine », quasiment ad nauseam sur la seule base que c’est précisément votre croyance et que vous restez dans l’incapacité de la démontrer, notamment en ce qui concerne l’expansion du capital fixe, comme j’ai pris la peine de vous l’expliquer.

      Vous parlez de « réalité », mais vous affirmez : « la monnaie n’est qu’un prélèvement étatique de la richesse nationale », au mépris le plus complet de l’évidence actuelle que précisément l’Etat national français, comme la plupart des autres Etats occidentaux aujourd’hui, n’a absolument plus la moindre maîtrise de la monnaie, dévolue depuis longtemps aux Banques Centrales, et qui n’ont même plus, dans le cas des pays européens, aucune base nationale réelle, sauf l’antenne locale BDF avec un gauleiter délégué par la BCE.

      Vous prétendez vous abstraire d’idéologie en déclarant : « La guéguerre entre le capital et le travail n’a pour moi aucun sens », sous entendant par là, du moins on peut logiquement le supposer, que c’est donc un préjugé que vous me prêtez, alors que précisément je n’ai nulle part fait allusion à une quelconque « guéguerre entre le capital et le travail » dans aucun de mes posts, ni ailleurs non plus du reste, depuis que j’ai commencé à analyser et à comprendre vraiment la mutation banco-centraliste actuelle, ce qui prouve que vous n’avez pas fait de recherche sérieuse sur ce que j’écris par ailleurs, alors que personnellement j’ai pris le temps d’étudier les principaux axes de vos « analyses » sur votre blog personnel en lien, http://www.surlasociete.com/ 

      C’est donc bien vous qui faites dans l’idéologie en supposant, vu que je me réfère à une lecture des Grundrisse de Marx, ce qui vous fait éventuellement « voir rouge » à plus d’un titre, que vous devez donc répéter les stéréotypes pseudo-« marxistes » sur la guerre capital/travail… Alors que la période actuelle est précisément celle de la fin de la prépondérance du capital productif, en train de perdre inexorablement sa domination face à celle du banco-centralisme :

       

       Richard Werner, « père spirituel » du Quantitative Easing et « apprenti sorcier » du banco-centralisme

      http://cieldefrance.eklablog.com/richard-werner-pere-spirituel-du-quantitative-easing-et-apprenti-sorci-a215699895

       

      Dans ce nouveau contexte, essentiellement depuis la crise de 2007-2008, la lutte « capital/travail » a évidemment perdu l’essentiel de sa signification, et pour cause…

      Comme l’explique également Richard Werner, c’est désormais le banco-centralisme qui est en train d’imposer son hégémonie, y compris sur ce qui survit encore du capital productif.

       

      Est-ce qu’une lutte, « de classe » ou autrement, est possible contre cette nouvelle hégémonie, franchement, je n’en sais rien, tant elle semble s’étendre partout sans résistance suffisamment conséquente et caractérisée dans ses objectifs.

      Mais c’est le monde (vous et moi sommes exactement de la même génération, semble-t-il) dans lequel vivent mes enfants et maintenant mes petits-enfants, et cela ne me réjouit pas.

      Enfin, simplement constater que dans une société où la production et la consommation sont en correspondance il parait logique que :

      "la quantité de monnaie en circulation soit au moins suffisante pour que la majorité des citoyens, et en principe même, absolument tous, aient de quoi se payer les biens essentiels à une vie sociale décente dans le contexte moderne"

      C’est encore simplement de la logique élémentaire et absolument en rien une « ruse » !

      Evidemment, cela implique des choix, et éventuellement, même, des choix « drastiques », en fonction des priorités, des possibilités et des nécessités, mais de tels choix ne sont possibles que dans le cas et dans le cadre d’un Etat national qui contrôle la valeur monétaire circulant sur son territoire, ce qui commence donc nécessairement par le contrôle du crédit, et pourquoi pas, de façon démocratique, tant qu’à faire !

      Luniterre

       

     

     *******************************

     

    Source de la compilation:

     

    http://cieldefrance.eklablog.com/monnaie-credit-dette-quelques-elements-du-debat-sur-agoravox-a215715557

     

    Monnaie, Crédit, Dette: quelques éléments du débat sur Agoravox

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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