• Éric Verhaeghe contre le paSS Nazitaire, le cas significatif d’une fracture au sein de la bourgeoisie, face à la mutation banco-centraliste

     
     
     
    UN ARTICLE DE LUNITERRE INITIALEMENT PUBLIÉ SUR VLR LE 02/09/2021
     

     

     

    Éric Verhaeghe contre le paSS Nazitaire, le cas significatif d’une fracture au sein de la bourgeoisie, face à la mutation banco-centraliste

     

     

     

     

     

    Dans un article récent, daté du 20 Août, Eric Verhaeghe, pourtant un chantre de l’ultra-libéralisme, considéré du point de vue de la petite et moyenne bourgeoisie « starteupeuse », montre comment le « passe sanitaire » est le premier pas vers une dictature « numérique » banco-centralisée, à l’opposé de la survie de cette « classe moyenne créatrice de valeur » :

    Sans être capable d’aller jusqu’au bout de sa logique et d’expliquer la mutation banco-centraliste autrement que par l’opposition « public/privé », « bureaucratie/économie libérale », Eric Verhaeghe n’en dénonce pas moins la logique inéluctable qui est en train de broyer la société humaine à l’échelle planétaire. Il tente par ailleurs, dans d’autres articles, d’ébaucher une sorte de « compromis historique » entre le « libéralisme réel » nécessaire à la survie de sa « classe moyenne » et le retour à une forme d’Etat-Nation comme garant de la Liberté face à la mutation banco-centraliste, nécessairement totalitaire, à l’échelle planétaire, avec la Chine comme actuel « modèle d’avant-garde ».

    « Scoop : qu’est-ce que le Great Reset recherche vraiment avec le passe sanitaire ?

    « Mais en quoi le Great Reset a-t-il vraiment besoin du passe sanitaire pour se mettre en place ? Cette question dont on pressent l’importance grandissante depuis plusieurs semaines, et qui s’impose aujourd’hui comme la charnière explicative des politiques publiques, donne lieu à de nombreuses supputations. Il ne suffit en effet pas d’écouter les discours de la caste appelant tous à une ségrégation contre les non-vaccinés pour comprendre l’intention fondamentale de cette innovation. C’est en plongeant dans l’un de tes blogs de l’entreprise transnationale française Thalès que l’on comprend la stratégie d’ensemble qui se met en place, et les étapes qui suivront.

    Peut-être vous êtes-vous demandé, comme moi, quelle mouche avait brutalement piqué Emmanuel Macron le 12 juillet lorsqu’il a annoncé la mise en place d’un passe sanitaire restreint dès le mois d’août. Il est encore trop tôt pour avoir toutes les réponses aux questions qui peuvent se poser, notamment sur le poids exact de l’industrie pharmaceutique dans les décisions politiques (on pense ici aux disparitions étonnantes de certains chefs d’Etat hostiles à la vaccination, qui laissent à penser que des méthodes de persuasion parfois assez violentes sont utilisées dans le milieu… l’Histoire éclaircira ces affaires).

    Les langues commencent toutefois à se délier dans les milieux industriels, et ce qu’on apprend ne manque pas d’intérêt.

    Thalès au coeur du passe sanitaire

    C’est en allant sur le blog de l’entreprise Thalès (en anglais : https://dis-blog.thalesgroup.com/identity-biometric-solutions/2021/07/27/how-digital-id-can-help-citizens-access-government-services-from-anywhere/?utm_source=twitter&utm_medium=Hootsuite&utm_term=&utm_content=&utm_campaign=DIS-Digital-Identity ) qu’on comprend dans quelle cohérence d’ensemble s’inscrit cette première étape du capitalisme de surveillance qui s’appelle le passe sanitaire. Thalès entend en effet proposer une solution globale d’identité numérique et nous expose avec une forme de naïveté comment ce projet va se décliner.

    Thalès écrit donc :

    So-called digital ‘vaccination passports’ will play a key role in enabling citizens to access all manner of services and will act as a precursor to the rollout of mobile digital IDs.

     

    (Les passeports vaccinaux joueront un rôle-clé dans la capacité des citoyens à accéder à toutes sortes de services et agiront comme des précurseurs au passage vers l’identité numérique sur téléphone portable).

    Le passe sanitaire est donc un “précurseur” ! L’anticipation d’un système généralisé où l’identité ne sera plus établie par un document officiel “autonome” comme une carte d’identité, mais bien par un “portefeuille” numérique conservé sur un cloud et une application dont l’archivage échappera à l’utilisateur.

    Autrement dit, il s’agit de nous habituer à changer de mode d’établissement de notre identité.

    Un portefeuille digital pour accéder aux services publics

    Sur le fond, Thalès ne cache pas l’ambition “centrale” du passe sanitaire, qui est de devenir une plate-forme d’accès aux différents services publics disponibles sur Internet. Pour ce faire, le passe-sanitaire repose sur un “wallet”, un portefeuille numérique, pour lequel la Commission Européenne a d’ores et déjà posé les bases.

    In both cases, the deployment of a digital wallet – primarily for digital driving licenses – will act as a gateway and the foundations for other vital government services, such as health passes.

     

    (Dans tous les cas, le déploiement du portefeuille digital – initialement pour le permis de conduire – fonctionnera comme une plateforme d’accès et des piliers pour d’autres services publics vitaux, comme les passes sanitaires”.

    On comprend donc que le passe sanitaire est la face émergée d’un iceberg technique qui se constitue progressivement, et qui va bouleverser la notion d’identité “administrative”. Désormais, les citoyens seront directement gérés par un Big Data qui permettra de leur donner accès à certains lieux ou à certains services par le contrôle de l’intelligence numérique. Quand le portefeuille digital remplacera le passeport

    Dans la palette de services que “l’ID numérique” devra rendre, on trouve en particulier le remplacement en bonne et due forme du bon vieux passeport actuel. Celui-ci sera bientôt rangé aux oubliettes de la préhistoire et remplacé par une application sur un téléphone, où toutes les données individuelles seront centralisées.

    Last butcertainlynot least, the EU Digital Identity will allow citizens to use their documentation across the entire region.

     

    (Enfin et pas des moindres, l’identité digitale européenne permettra aux citoyens d’utiliser leurs documents à travers tout le continent).

    On se souvient que l’Europe s’était fondée sur l’aspiration à un continent sans frontière et sans contrôles d’identité. Subrepticement, on est passé à une Europe avec des contrôles universels poussés à un point inconnu jusqu’ici. C’est sans doute le progrès des Lumières qui veut ça. Portefeuille digital et euro numérique

    Mais c’est une autre fonctionnalité du “wallet” qui doit retenir l’attention, car elle rejoint le projet d’euro numérique que nous avons évoqué cette semaine. Il s’agit de l’utilisation du portefeuille digital comme moyen de paiement.

    It gets really exciting when you realise that the wallet can host both digitalised identity and payment credentials. This could allow people, for example, to pay a deposit on a new apartment or settle an outstanding speeding fine directly from their smartphone.

     

    (Cela devient exaltant de penser que le portefeuille digital peut héberger à la fois une identité numérique et des moyens de paiement. Ceci permettrait aux gens, par exemple, de payer une caution pour un nouvel appartement ou de régler une amende pour excès de vitesse directement depuis un smartphone).

    On y vient, donc : le passe sanitaire devrait déboucher sur une ramification future, le paiement en ligne, par exemple des impôts ou des amendes. Ou du loyer. Ou des traites sur en emprunt bancaire…

    Bref, si l’on se souvient que l’euro numérique serait à la main complète de la Banque Centrale Européenne, l’espace de liberté qui restera au consommateur pour arbitrer ses dépenses va devenir de plus en plus contraint. Du propre aveu de Thalès, en effet, l’Etat saura tout de vous, y compris de votre situation financière ou bancaire.

    La porte ouverte au crédit social

    On va bien dans quel état de dépendance ce système entreprend, sans que ce projet ne soit publiquement explicité auprès des citoyens, de placer les individus. Se met en place une architecture qui rendra possible le “crédit social” à la chinoise : le wallet contiendra des marqueurs indiquant qui n’a pas payé ses impôts, ou ses dettes, qui a roulé trop vite, qui a tardivement réglé sa pension alimentaire. Et si le marquer apparaît, l’individu sera interdit d’accès à certains services, ou à certains achats.

    Peu à peu, il sera marginalisé, sans possibilité de s’y opposer.

    C’est bien à cela que sert le passe sanitaire. Il n’est pas une fin en soi. Il est un début, un précédent, une mise en bouche. Vous savez désormais dans l’attente de quoi il sera maintenu après le 15 novembre. »

    https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/08/20/scoop-quest-ce-que-le-great-reset-recherche-vraiment-avec-le-passe-sanitaire/

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    Rédigé tel quel, l’article attaque franchement l’axe essentiel de la stratégie actuelle du système en marche vers le banco-centralisme, et la connotation « petite bourgeoisie libérale » qui est le fond de la pensée de Verhaeghe n’y apparait pas de façon évidente, et même quasiment pas, au contraire de la version « vidéo » du même papier, publiée pourtant conjointement sur le blog de l’auteur…

    Le point révélateur reste pourtant la solidarité sincère et bienvenue qu’il exprime à l’égard du Dr Fouché, du Pr Raoult et de Laurent Mucchielli, entre autres victimes de la « chasse au sorcières complotistes » à laquelle se livre actuellement le pouvoir macronien…

    EXTRAIT :

    « C’est l’occasion de redire qu’être fonctionnaire ce n’est pas…, ce n’est pas un métier forcément épanouissant et que c’est d’abord un métier où on obéit aux chefs et c’est l’occasion de redire que quand j’entends plein de gens me dire aah !, le service public c’est bien ! Si tout était public, si la santé était entièrement publique, ben voilà ce qui se passerait si la santé était entièrement publique et qu’il n’y aurait plus que le droit de fermer sa gueule puisqu’il n’y a pas d’univers plus répressif.

    Plus de services publics, contrairement à ce qu’on dit, le service public, c’est pas la protection, c’est l’exploitation, c’est la domination, on va dire ça comme ça, et le service public c’est pas la liberté ou l’intelligence de penser, c’est l’obéissance et le conformisme le plus pur. S’il y a des choses, qui, dans ce pays ont une chance d’innover elles se passent dans le secteur privé et pas dans le secteur public et tous ceux qui combattent l’entreprise au nom des bienfaits du service public ils nous destinent à ça, c’est à dire une grande dictature, où Il y a trois bonshommes dans un bureau qui décident et tout le monde se la boucle.

    C’est ça le service public, on en a la démonstration. C’est quand même tout sauf…, c’est quand même tout sauf un exemple à suivre, un modèle à défendre que ce modèle du tout public. C’est le modèle du monopole et de la dictature. »

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    Mais paradoxalement, en apparence, Verhaeghe, qui, en économie, est quasiment un fondamentaliste du libéralisme, au sens de l’"École autrichienne" des Menger, Von Mises et surtout, Hayek, en arrive, face à la mutation banco-centraliste actuelle, à défendre le principe de l’État-Nation, qu’il faut donc absolument distinguer, selon lui, de la bureaucratie de l’appareil d’État proprement dit, ce que, évidemment, du point de vue de la Résistance démocratique contre le banco-centralisme, on ne pourra donc que chaleureusement approuver !!!

    « C’est devenu un truisme que de débusquer du (néo-)libéralisme dans toutes les sauces du multilatéralisme ambiant. Non seulement l’Union Européenne serait le repaire de tout ce que le libéralisme compte comme suppôts en Europe, mais ce serait aussi le cas du FMI, de l’OCDE, et de nombreuses autres institutions dirigées par des technocrates amis de l’intervention publique à tout crin. L’Etat-nation serait en revanche le dernier rempart de la défense collective ou collectiviste contre la vague de libéralisme. Beaucoup de prétendus libéraux sont eux-mêmes convaincus de ce partage des eaux totalement scholastique. En relisant les grands auteurs libéraux du siècle dernier, on peut au contraire penser que l’Etat-nation est devenu le rempart fondamental de l’ordre spontané cher à Hayek, et que les institutions multilatérales sont aujourd’hui les fers de lance d’une nouvelle forme de planisme international, à rebours du libéralisme »

    […]

    « Si l’on peut comprendre que dans le monde de 1945, qui est un peu le monde de l’année 0 du multilatéralisme, la disqualification des Etats nations ait paru la seule solution pour éviter un nouvel épisode d’horreur, le bilan à dresser de la séquence qui s’est alors ouverte donne désormais lieu au constat absolument inverse. Il faudrait évidemment remplir des tomes entiers pour discuter ce constat.

    Mais plusieurs évidences s’imposent.

    Première évidence : les structures multilatérales ont toutes, à des degrés divers (le plus élevé et le plus abouti étant l’Union Européenne) créé des technocraties incontrôlables qui élaborent des normes dans leur coin, au nom de leur idéal auto-proclamé, sans se référer aux volontés populaires. Ces technocraties auto-générées sont toutes convaincues d’être porteuses d’un idéal messianique de “société ouverte”. En réalité, elles fonctionnent comme des aristocraties qui foulent au pied les idéaux démocratiques nationaux. »

    https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/06/11/comment-le-multilateralisme-europeen-ou-non-est-devenu-le-meilleur-ennemi-du-liberalisme/

    « …Hayek se montre un ardent défenseur des “petites nations” qui risqueraient d’être opprimées par un monstre “super-étatique”. Il accusait d’ailleurs Adolf Hitler de vouloir établir un ordre supra-national toxique pour les autres Etats, ce qu’on peut difficilement contester.

    Factuellement, en tout cas, Hayek n’a certainement pas défendu la création d’un “Etat” supra-national, pas plus qu’il n’a combattu l’existence de “petites nations”. Il a simplement prétendu que les relations internationales seraient plus équilibrées si certains États n’abusaient pas de leur puissance économique pour écraser les autres.

    Sur ce point, on peut penser qu’Hayek avait eu un pressentiment lucide de ce que pourrait devenir l’aventure européiste dans l’hypothèse où ces fondamentaux ne seraient pas rappelés. En tout cas, et rétrospectivement, il apparaît comme un ardent défenseur des “petites nations” contre les monstres plurinationaux, signe que l’opposition entre la pensée libérale classique et la nation est complètement contrefaite. »

    https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/05/27/libertarisme-et-nation-hayek-bastiat-et-souverainisme/

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    Ce qui n’empêche donc pas Verhaeghe d’être un adversaire résolu du monde banco-centraliste en construction, même s’il n’arrive pas, et pour cause d’utopie archéo-libérale, celle d’une sorte de "retour au monde d’avant" dans sa version "encore libérale", à nommer avec précision la mutation en cours : ce qu’il appelle "multilatéralisme", et auquel il tente donc d’opposer sa propre vision d’un "libéralisme national" (…ou d’un "nationalisme libéral"), c’est, typiquement, ce que nous appelons banco-centralisme. Pour lui, la réaction des Banques Centrales face au phénomène "Bitcoin" est une sorte de révélateur de cette évolution :

    « … il n’a pas échappé à votre sagacité, que nous sommes en pleine inflation arbitraire des devises centralisées. Après les grossières manipulations des banques centrales pour faire baisser les taux d’intérêt, voici l’ère de la création monétaire brutale avec revenu universel et chèques en blanc pour toutes sortes d’industries censées faire baisser la température planétaire. Oui, le bitcoin dérange l’ordre financier. Il est conçu pour cela car l’ordre financier actuel porte atteinte à la propriété des individus en créant de la fausse monnaie mise à disposition de quelques-uns, bien vus des cercles du pouvoir. »

    https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/05/25/lusage-du-bitcoin-peut-il-legalement-se-developper/

    …Ce qui est le mécanisme typique de formation, via l’ « Effet Cantillon » (*) engendré par l’injection massive de « liquidités », d’une nouvelle caste banco-centraliste au sein même de la fraction financière déjà dominante de la bourgeoisie monopoliste.

    Dans un autre article, Eric Verhaeghe montre bien que l’offensive des Banques Centrales contre le Bitcoin, même si partie logiquement de Chine, est en fait générale, également en Europe et aux USA :

    « L’objectif final des banques centrales est de supprimer la monnaie-papier, et de mettre en circulation une monnaie numérique dont elle pourront contrôler toutes les utilisations grâce à un Big Data. Comme en Chine, il s’agit officiellement de lutter contre la fraude, et non de confisquer la liberté du commerce.

    On voit bien comment ce prétexte “moral” dissimule une vaste reprise en main de la vie privée des individus, déjà décrites dans le Great Reset de Schwab. »

    https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/05/20/bitcoin-loffensive-mondiale-contre-les-crypto-monnaies-commence/

    « Concrètement, l’euro numérique, par exemple, sera suivi de A à Z par un big data niché dans les serveurs de la Banque Centrale Européenne, et aucun compte bancaire n’échappera à ce contrôle. Les banques ne seront, plus en réalité, que des succursales d’une seule institution publique appelée banque centrale. Facialement, la concurrence continuera à jouer. Facialement, nous continuerons à ouvrir un compte dans une banque, mais l’argent que nous y placerons sera une sorte de “jeton” numéroté que la banque centrale pourra désactiver quand elle le souhaitera.

    On connaît déjà tous les motifs de désactivation, ce sont ceux des systèmes totalitaires ordinaires : lutte contre la criminalité, le terrorisme, et autres prétextes invoqués pour, tôt ou tard, faire taire les opposants. Christine Lagarde les a déjà annoncés, énoncés et justifiés. »

    https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/05/11/comment-une-cyber-attaque-rendrait-incontournable-un-great-reset-monetaire/

    S’il semble à priori se faire le défenseur du bitcoin au nom de son sacro-saint libéralisme « hayekien », Verhaeghe n’en est pour autant pas moins conscient de ses limites, et son article à ce sujet vaut bien d’être publié in-extenso :

    « L’ENFER EST PAVÉ DE BONNES INTENTIONS

    Ce que le Bitcoin nous révèle de l’enfer terrestre que serait le paradis libertarien

    80 % des utilisateurs de bitcoins se revendiquent de la mouvance libertarienne. Un chiffre qui en dit long sur la société dont ils rêvent, surtout lorsque l’on voit les fins auxquelles est bien souvent utilisée la monnaie numérique sans contrôle étatique : trafics divers, blanchiment d’argent, engagement de tueurs à gages…

    Éric Verhaeghe

    Au Panthéon des utopies libertariennes, la monnaie privée occupe une place tout à fait particulière.

    Alors que Maurice Allais, l’inventeur de la rationalité économique, a plaidé pour une interdiction de la production monétaire par les banques, et pour la limitation stricte de la monnaie au seul périmètre des banques centrales, l’école monétariste a pris des positions tout à fait inverses. Le gourou du libertarisme, Friedrich von Hayek, a par exemple prôné le développement des monnaies privées, produites par les banques et non par les Etats (ce qui recouvre en partie le rôle du crédit), afin de limiter le rôle de la puissance publique dans l’économie.

    Ces oppositions doctrinales entre défenseurs de la liberté d’entreprendre montrent bien la complexité et la sensibilité d’un débat que l’on croyait jusqu’ici très théorique. Le rôle de la monnaie est un sujet inachevé, polémique et mal défini politiquement.

    Dans la réalité, les partisans d’une monnaie centrale ont laissé filer des logiques d’endettement grâce auxquelles les banques ont pu augmenter de façon colossale la masse monétaire en circulation. Les banques ont procédé ainsi à l’émission déguisée de monnaies privées garanties par la puissance publique. Ces petits jeux d’ombre et de lumière prouvent une fois de plus que les découpages schématiques entre Etat et secteur privé, entre libéralisme et étatisme, sont très arbitraires.

    En France, en tout cas, il n’est pas possible d’imaginer le secteur bancaire sans la protection réglementaire de l’Etat ou de ses sbires. La condamnation récente du blogueur Jean-Pierre Chevallier l’a rappelé : la dépendance, et même la porosité entre les deux mondes est extrêmement forte, et les pouvoirs publics n’hésitent pas à outrepasser les libertés publiques pour défendre les intérêts de nos champions bancaires nationaux.

    Sans surprise dans ce contexte, la Banque de France a récemment mis en garde contre une concurrence monétaire tout à fait inattendue pour les banques, et longtemps occultée : le bitcoin. Cette caricature de monnaie privée est l’un des produits de la révolution numérique. Elle repose sur un système de "peer to peer", c’est-à-dire d’échange direct, non intermédié, qui connaît un véritable succès auprès des internautes.

    Pour beaucoup de libertariens, le bitcoin démontre tout l’intérêt et toute la pertinence des théories de Hayek. Cette monnaie virtuelle, née de nulle part, totalement décentralisée, c’est-à-dire sans "commissaire-priseur" installé dans une banque centrale, est le pur produit de l’initiative privée. Elle incarne l’une des premières utopies de notre siècle : l’idée que la société pourrait s’organiser sans Etat, sans pouvoir public, sans arbitre dans les relations entre individus.

    Dans la pratique, l’expansion colossale de cette monnaie qui n’est garantie par aucun billet de banque, par aucune masse de métal, et qui concurrence directement les monnaies publiques, est un phénomène tout à fait intéressant. Si l’émission globale de bitcoin ne devrait pas dépasser les 21 millions d’unités, l’utopie qui la porte lui a d’ores et déjà offert non seulement une belle publicité, mais aussi une postérité : elle demeurera dans l’histoire comme la première tentative de monnaie numérique sans intervention de l’Etat.

    On notera au passage que le bitcoin est l’illustration la plus emblématique d’une traînée de poudre qui comporte de nombreux avatars. Les monnaies virtuelles locales, par exemple, fleurissent un peu partout. L’époque est à la décentralisation monétaire, quand le centralisme triomphe partout, jusqu’à imposer au niveau international une petite poignée de monnaies en circulation.

    Faut-il se réjouir de ce phénomène ? Il est bien probable que les péripéties que les bitcoins traversent donnent le signal prématuré d’une mort doctrinale pour le libertarisme, et d’un scepticisme généralisé pour les monnaies privées.

    Premier problème : le bitcoin est accusé de couvrir les pires activités mafieuses. Alors que le secret bancaire est de plus en plus fragilisé, et que tout flux financier doit, de façon grandissante, être "blanchi", le caractère totalement privé du bitcoin attire les convoitises. Quel système mieux adapté que la relation "peer to peer", loin des règles contraignantes de la puissance publique, pour recycler de l’argent sale ?

    Deuxième problème : le bitcoin est une monnaie extrêmement spéculative qui enrichit quelques détenteurs futés. Selon certaines sources, la moitié de la masse de bitcoin serait détenue par moins de mille particuliers. Un tiers du stock serait détenu par moins de cinquante personnes. Cette extrême concentration souligne le premier intérêt du système : enrichir ses créateurs, et rien de plus.

    [NDTML : une autre manifestation typique de l’ « Effet Cantillon » !!!]

    Car, troisième problème : le bitcoin est extrêmement volatil. En quelques jours, il peut perdre une part importante de sa valeur. C’est le cas en ce moment : ce mercredi, le bitcoin a perdu 50 % de sa valeur, après des annonces inquiétantes en Chine.

    Cet épisode marquera les esprits. Un monde sans Etat et sans pouvoir public est toujours possible. Mais c’est un monde opaque, inégalitaire, et fondamentalement instable. Or la stabilité et la confiance sont des conditions nécessaires à la prospérité.

    https://atlantico.fr/article/decryptage/ce-que-le-bitcoin-nous-revele-de-l-enfer-terrestre-que-serait-le-paradis-libertarien-eric-verhaeghe

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    En conclusion générale, ce que la littérature d’Eric Verhaeghe révèle utilement, c’est le divorce entre l’approche des réalités économiques qui reste celle de la « gauche » (…et même de la plupart des « libéraux », selon lui, en fait !) depuis la fin du XXe siècle et la réalité, sur le terrain, du monde du XXIe siècle, et singulièrement, avec la « crise du covid » de 2020 comme révélateur de cette nouvelle réalité.

    Bien entendu, tout cela ne s’est pas produit en un tournemain et constitue le résultat d’une évolution en profondeur des forces productives modernes telles que refaçonnées par les nouvelles technologies, et si la « gauche » est restée particulièrement aveugle à ce sujet, radotant sempiternellement l’antienne sur le « néolibéralisme », la cécité de la classe politique est à peu près générale, sauf, sans doute, pour les quelques uns qui ont su intelligemment se placer près de l’assiette au beurre, « Effet Cantillon » oblige, mais n’ont, par conséquent, aucun intérêt à « manger le morceau » publiquement…

    Que quelques fractions lucides de la petite et moyenne bourgeoisie, essentiellement rendues telles du fait de leur déclassement social suite à cette crise, soient capables d’exprimer un début d’analyse du phénomène banco-centraliste, c’est donc un plus appréciable pour la constitution d’un front uni de la Résistance face à cette monstruosité en voie de « développement durable » pour les années et les générations futures…

    Luniterre

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    (* "L’économiste Richard Cantillon a vécu une des plus grandes spéculations de l’Histoire moderne. Brillant spéculateur, il publie en 1730 son Essai sur la nature du commerce en général. Il théorise notamment ce que l’on nomme aujourd’hui « l’effet Cantillon ». D’après cet effet, ceux qui bénéficient le plus de la création monétaire sont les premiers receveurs, après quoi l’impact sur les prix et la répartition des ressources est progressif. Au cœur de la théorie monétaire et de la compréhension actuelle des marchés, cette théorie est plus que jamais d’actualité."

    https://www.cointribune.com/tribunes/tribune-cryptomonnaies-geopolitique/quest-ce-que-leffet-cantillon-et-avec-quelles-consequences/

    "…« effet Cantillon », selon lequel une injection de monnaie dans l’économie exerce un effet progressif et différencié sur les prix au fur et à mesure que la monnaie se propage par les échanges à partir du point où elle a été injectée."

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Cantillon#L’effet_Cantillon

    "…"effet Cantillon", selon lequel une injection de monnaie dans l’économie exerce un effet progressif et différencié sur les prix au fur et à mesure que la monnaie se propage par les échanges depuis le point où elle a été injectée. Il a développé cette théorie en étudiant les effets de l’arrivée massive d’or en Espagne en provenance des colonies d’Amérique du Sud au XVIe siècle (Essai sur la nature du commerce en général, 1755). La profusion de métal précieux a bel et bien provoqué de l’inflation, mais pas une augmentation générale des prix, observe-t-il. En l’occurrence, elle s’était progressivement diffusée dans l’économie à partir de son point d’entrée - ce sont en l’occurrence les prix pratiqués par les fournisseurs du roi qui s’étaient envolés."

    https://www.tradingsat.com/actualites/marches/les-banques-centrales-ressuscitent-l-effet-cantillon-915451.html

    "Richard Cantillon, économiste du début du XVIIIe siècle, a mis en lumière le caractère fragmenté de l’effet de la politique monétaire sur les prix. Selon lui, c’est au plus proche des injections de liquidité que se déclenchent les phénomènes inflationnistes. Si l’on applique cette thèse à la situation actuelle, on comprend effectivement que ce sont les prix des actifs, financiers puis non financiers, qui profitent à tour de rôle des conditions monétaires. En revanche, point de « mécanisme auto-entretenu de hausse des prix et des salaires », selon la définition classique.

     

    Une montée ponctuelle des prix est donc possible mais pas suffisante pour pousser les banques centrales à revenir trop vite sur des positions monétaires moins accommodantes."

    https://www.optionfinance.fr/blogs-analyses/lanalyse-de-wilfrid-galand/les-banques-centrales-entre-friedman-et-cantillon.html

     

     

     

    A PROPOS DE LA RÉALITÉ ACTUELLE DE LA "PANDÉMIE" :

    Du « blob » comme antithèse du « blabla » autour du covid 19… !

    http://interfrsituation.eklablog.com/du-blob-comme-antithese-du-blabla-autour-du-covid-19-a209605536

    POUR ALLER PLUS LOIN SUR LE FOND ECONOMIQUE :

    L’ONU DÉCLARE OFFICIELLEMENT LA « GUERRE ÉCONOMIQUE » …CONTRE LES PEUPLES, EN RÉALITÉ, ET POUR LE COMPTE DES BANCO-CENTRALISTES !

    http://mai68.org/spip2/spip.php?article8833

    Mort cérébrale du capitalisme, mort cérébrale de la gauche !

    http://mai68.org/spip2/spip.php?article8724

    “Le Crime du Garagiste” – Le Casse Banco-centraliste !

    http://mai68.org/spip2/spip.php?article8195

    « Great Reset » : le banco-centralisme est-il un « complot pervers » ou simplement la conséquence incontournable d’une évolution systémique ?

    http://interfrsituation.eklablog.com/great-reset-le-banco-centralisme-est-il-un-complot-pervers-ou-simpleme-a209547684

    NOUVEAU !!! >>>

    « Aux âmes damnées (…du banco-centralisme), la valeur n’attend point le nombre des années (…pour disparaître !)…

    http://mai68.org/spip2/spip.php?article9503

    « Merveilleux » Monde d’Après : face à l’émergence du banco-centralisme, quelle forme de Résistance ?

    http://mai68.org/spip2/spip.php?article6329

    Paradoxe et suspense économique en 2021 : le Capital atteindra-t-il, ou non, le Nirvana par la Dette Mondiale ?

    http://interfrsituation.eklablog.com/paradoxe-et-suspense-economique-en-2021-le-capital-atteindra-t-il-ou-n-a209197288

    SUR LE CONTEXTE :

    A propos du N.O.M. comme forme évoluée « moderne » du totalitarisme, …et de son « Innommable » succursale en France !

    http://interfrsituation.eklablog.com/a-propos-du-n-o-m-comme-forme-evoluee-moderne-du-totalitarisme-et-de-s-a209538864

    « PREMONITOIRE » ??? Mars 2015, la BCE met en œuvre son premier « Quantitative Easing »… Sur RTL François Lenglet « crache le morceau » sur la réalité du banco-centralisme… !

    http://interfrsituation.eklablog.com/premonitoire-mars-2015-la-bce-met-en-oeuvre-son-premier-quantitative-e-a209230140

    Autre pays, autres mœurs, débusquée en Inde, une responsable de l’OMS, « Criminelle de guerre sanitaire » ? Comment désigner les génocidaires mondialistes ?

    http://mai68.org/spip2/spip.php?article9237

     

     

    https://mai68.org/spip2/spip.php?article9561

     

    « « Aux âmes damnées (…du banco-centralisme), la valeur n’attend point le nombre des années (…pour disparaître !)…Décapant !!! Le capitalisme et-il déjà derrière nous ? Et si oui, qu’est-ce qui a pris sa place ??? »

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